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Discours de Laurent James


On sait que l'histoire est constituée de cycles temporels imbriqués les uns dans les autres, comme une série de respirations de périodes variables suivant l'ampleur, la taille du cycle. Plus le cycle est court, et plus rapide est sa respiration. C'est ce qui fait qu'un penseur matérialiste comme Marx, focalisé sur l'histoire de l'économie, forcément récente au regard de l'histoire de l'humanité, n'apercevait qu'un simple mouvement de répétition temporelle dans la succession qualitative des événements (au lieu de cycles imbriqués), lorsqu'il écrivit cette célèbre phrase : « L'histoire se répète, d'abord comme une tragédie, ensuite comme une farce ».

Cette constatation est tout à fait juste à l'échelle d'une vie humaine, on peut la voir comme une illustration du principe théologique selon lequel le mal est une singerie du bien. Le bien est primordial, le mal est conjoncturel. Ce qui est néfaste surgit lorsque le bien s'efface, ou quand il déraille, quand il s'essouffle.

Or, il me semble que l'une des caractéristiques principales de notre monde post-moderne, notre monde apocalyptique entièrement régi par la Puissance des Ténèbres, c'est que l'ordre temporel de l'histoire s'est tout simplement inversé. Je veux dire que la dissolution de l'humanité dans les abysses du non-être est telle que, si l'histoire se répète, c'est d'abord comme une farce, et puis ensuite, non comme une tragédie, mais comme une comédie ― au sens où l'entendait Dante, c'est-à-dire au sens où la narration débouche au Paradis ; puisqu'en tant que chrétiens, nous savons bien qu'après le triomphe du mal ne peut qu'advenir celui du bien.

Mais ce qui est important à retenir, c'est bien qu'à notre époque, la Parodie précède l'événement. Toute chose surgit d'abord comme une farce, une singerie, non pas de ce qui est déjà arrivé, mais de ce qui est prévu par l'Esprit-Saint pour la victoire finale.

La conspiration mondialiste des Etats-Unis, bloquant tout d'abord de manière offensive toute formation d'alliance nuptiale entre la Grande Europe continentale et la Nouvelle Russie, a peu à peu changé de tactique pour se transformer en grande parodie. La parodie de l'Empire du Saint-Esprit, c'est l'Europe de Bruxelles, c'est la tyrannie hégémonique du non-être, qui prend aujourd'hui la forme du pouvoir absolu de la Technologie, humiliante, aliénante, dissolvante, anéantisante de toute forme de vie intérieure ― comme l'avait vu Bernanos ― mais également de vie extérieure.

L'enfermement technocratique de la conscience est la parodie de la libération à venir de la Sainte-Sophie.

La conspiration politique de l'intérieur a été remplacée par la conspiration technologique de l'extérieur, qui est désormais l'ennemi fondamental de l'unité géopolitique eurasiatique.

Alors que c'est la géopolitique qui devrait l'emporter sur les idéologies, la technocratie l'emporte aujourd'hui sur la géopolitique, poursuivant sa tâche pour asseoir son pouvoir total, se jouant des guerres intra-continentales et de toute multipolarité, effective ou non. C'est-à- dire que le pouvoir absolu des ténèbres du non-être n'envisage plus du tout quelque choc des civilisations que ce soit, mais l'aplanissement des civilisations, et leur résorption dans une harmonie de façade.

Le redressement économico-industriel de la Russie, tout comme de la Chine et prochainement de l'Inde, s'est fait sous les fourches caudines de la cyber-technocratie de surveillance généralisée. L'Etat s'est libéré des servitudes oligarchiques, pour tomber sous la férule des technocrates. Les forces spirituelles, qui sont les forces vivantes de chaque civilisation, se battent ardemment pour retrouver leur place dans chaque pôle, afin de rendre au concept de multipolarité son véritable caractère révolutionnaire et anti-occidental.

En Chine, par exemple, aujourd'hui, la reconnaissance faciale sert de moyen de paiement dans de nombreux magasins. Et, tout comme en Occident, la pratique de l'incinération a remplacé celle de l'enterrement, invisibilisant ainsi complètement la Mort ― au grand bénéfice des promoteurs immobiliers, ennemis acharnés depuis toujours de l'existence des cimetières. Mais on sait que, par ailleurs, de nombreux groupes taoïstes de combat tentent de renverser le faux confucianisme au pouvoir, de manière à rendre à la Chine son autorité spirituelle tout en conservant son ascendant politique.

Cette question de l'invisibilisation de la Mort, ou plutôt de sa virtualisation, est également à la base du Transhumanisme, dont le problème principal est, lui aussi, son caractère parodique. La mission du Christ, pour Saint Irénée de Lyon ainsi que pour tous les pères de l'Eglise, est la suivante : « Dieu s'est fait homme pour que l'homme puisse se faire Dieu ».

Or, cette divinisation de l'homme par la grâce, dont l'exemple lumineux et absolu nous est donné par la Vierge Marie, est parodié ― singé, mimé, abêti ― précisément par le Transhumanisme.

Le Transhumanisme, c'est la volonté de diviniser l'homme sans passer par le Saint-Esprit. Ce qui est exactement la promesse faite par le serpent au couple primordial dans la Genèse.

Ce qu'il nous faut absolument, et de toute urgence, c'est retrouver et faire fructifier le Principe du Saint-Esprit, horizon marial de la Grande Europe Antérieure.

Comme l'écrivait Jean Parvulesco : « Il nous faut un retour à l'être européen, un recommencement total de l'histoire et de la conscience politiques européennes, de leurs structures d'affirmation et de présence agissante propres, renouvelées depuis leurs profondeurs originelles retrouvées »

Le grand combat aujourd'hui, permettant de retrouver le sens tragique de l'histoire, consiste à retourner la Grande Parodie contre elle-même, afin de faire surgir au grand jour notre être véritable : Le Grand Renversement contre la Grande Réinitialisation, l'Église mariale de la Fin contre la Technocratie, la Grande Europe Impériale contre le triomphe de l'État mondial tyrannique.


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James Laurent

écrivain et scientifique, France